ANGELA MARSH
La Villa Bagatelle
2024
La friche
2018-2024
Inspirée par la résilience du monde végétal et par la biodiversité qui foisonne sur les terrains laissés en friche, Angela Marsh récolte, coud et dessine soigneusement les spécimens végétaux croisés sur son chemin. Sa série La Friche est faite de fragments de plantes adventices cousus à la main, un à un, dans de grandes feuilles de papier bulle récupéré. Emplies de fleurs sauvages, ces tapisseries évoquent une forme de banque de semences artisanale qui préserve la mémoire de celles que l'on qualifie souvent de « mauvaises herbes ».
À cette série de portraits végétaux traversant différentes temporalités et géographies – de Toronto au Mile-End de Montréal, en passant par Victoriaville – s’ajoute une friche hivernale dont la création a débuté à Québec, à l’hiver 2020. En plein confinement, Marsh s’est mise à récolter les semences qu’elle trouvait chez elle et dans son quartier à Sainte-Foy. Ensuite invitée à collaborer avec les jardins de la Villa Bagatelle pour poursuivre La friche – hiver, elle a côtoyé, observé et dessiné les paysages fanés qu’elle y a rencontrés, tout en continuant sa collecte.
Endormies au creux des bulles de plastique, les graines recueillies à la Villa Bagatelle et ajoutées à cette tapisserie-friche trouvent écho dans un lexique de plantes collaboratrices et une série de petits paysages hivernaux, qui combinent éléments architecturaux néogothiques et jardin d’hiver aux plantes flétries, ensevelies sous la neige pour conserver leurs forces jusqu'au printemps prochain.
Le Lexique des plantes collaboratrices (2024) a été réalisé en collaboration avec Mary Taylor, de la Première Nation de Curve Lake, ainsi qu'avec Andrée Levesque Sioui et Megan Lukaniec, de la Nation huronne-wendat.
ANNE-MARIE PROULX
Souffles tombés
2021-
D’une rive à l’autre, en relation avec différents environnements, Anne-Marie Proulx puise dans nos conversations avec les territoires pour créer des univers poétiques où les vents du fleuve et le rythme des marées s'entremêlent à une présence végétale.
Elle venait tout juste d'emménager à Saint-Roch-des-Aulnaies quand elle a rencontré un saule qui vivait au bord du fleuve, les troncs coupés et rabattus au sol. Quelques branches manquaient, mais les racines étaient encore bien vivantes et de nouvelles tiges poussaient à partir de ses bras coupés. Le saule reprenait tranquillement vie, replié sur lui-même, en formant une sorte d'abri dans lequel se réfugier.
Depuis cette première rencontre, Proulx continue de lui rendre visite comme à un·e ami·e, de le photographier comme on prend des nouvelles d’un·e proche. Au fil des saisons, elle apprend à mieux le connaître, lui et les êtres qui l’entourent, à s’abriter entre ses branches, respirer le parfum des mélilots, écouter le sifflement des pluviers et sentir les souffles venus de l'ouest. L'enchevêtrement de ces forces de vie inspire une relation de réciprocité avec le vivant, une sorte de lâcher-prise qui permet de créer des images en collaboration avec les éléments, avec le vent qui fait bruisser les feuilles et les vagues qui mêlent son ombre à l'estran.
Chaque visite tisse de nouveaux liens entre les deux, entre deux respirations, deux bourrasques, et nourrit ses réflexions sur ce que nous habitons et ce qui, inversement, nous habite.