Louis-Karl Picard-Sioui
Teharihulen Michel Savard
Temps et contre-temps
Pierre, bois, fils électriques, 2023-2024
À l’aube du monde, l’esprit-tortue féconda la mère des dieux en déposant sous sa couche deux flèches, qu’on retrouve au centre de l’installation. Elle accoucha ensuite de jumeaux : Iouske’a (l’ordre, le chaud, la régénérescence) et Tahwihskaron’ (le chaos, le froid et la mort), qui sont ici évoqués par deux lits.
Le premier, fait de pierres, froid et rude, rappelle les souffrances causées par Tahwihskaron’, tout en faisant référence aux strendu, les géants de pierre cannibales qu’il a créés. Le second lit, couvert de sapinage, symbolise le sommeil fécond d’une nuit en forêt où règne la régénérescence de Iouske’a. Une bûche de tilleul y fait office d’oreiller, tandis qu’elle constitue selon les mythes une manière de combattre les strendu, tout comme la hache de Skahndawatih. Au centre, une structure de wigwam symbolise le ventre de la Terre mère, premier lieu de repos où est transmis le rythme originel, celui du cœur, du tambour.
Avec leur œuvre, les artistes affirment que par la connaissance des mythes, il devient possible de combattre les forces de l’essoufflement et du froid. Ils rappellent toutefois qu’il s’agit d’une danse, que les deux forces suivent un rythme instauré au début des temps, et qu’elles sont inextricables.